Archéologie d'une société marchande
Ce qui n’a pas de prix est sans valeur. Ce qui n’a pas de prix ne peut être comptabilisé. Ce qui n’a pas de prix n’existe pas.
Ainsi pense le Marché.
Dis-moi ce que tu peux acheter, je te dirai ce que tu vaux. La règle est simple, le credo limpide, l’évaluation facile : plus tu produis, plus tu consommes, plus tu seras heureux.
Ainsi parle le Marché.
Sorti de ce cercle, tu n’es plus rien, ta chute est vertigineuse, ton enfer... Inadapté, spécimen invisible, tu deviens. Ce qui est vrai pour toi l’est aussi à l’échelle mondiale.
Ainsi menace le Marché. En haut, richesse, peut-on monter si haut… En bas, pauvreté, peut-on tomber si bas…
À faire le grand écart, l’humanité s’étire dangereusement. La fortune de 225 personnes est égale au revenu de deux milliards et demi d’êtres humains, réservoir de frustrations et d’humiliations.
Ainsi affleure le Chaos.
Conglomérats d’hommes, de restes industriels, de végétal et de minéral, les spécimens sont les témoins abandonnés d’une société en crise où le bien est supérieur au lien. Exhumés des friches où ils pourrissaient, ils incarnent la part inaltérable du sensible, du vivant.
Bruno Poiré
Archaeology of a market society
What is priceless is worthless. What is priceless cannot be accounted for. What is priceless does not exist.
Thus thinks the Market.
Tell me what you can buy, I will tell you what you are worth. The rule is simple, the belief is clear, the evaluation is easy : The more you produce, the more you consume, the more you will be happy.
Thus speaks the Market.
Out of this cycle, you are not worth anything any longer, your downfall is vertiginous. Your hell… Misfit, invisible specimen, you become. What is true for you is also true on a global scale.
Thus threatens the Market.
At the top, wealth, can we climb so high… At the bottom, poverty, can we fall so low… Doing the splits, mankind stretches dangerously. The fortune of 225 people is equal to the income of two billions and half human beings, reservoir of frustrations and humiliations.
Thus shows chaos.
Conglomerates of men, industrial remains, plants and minerals, the Spécimens are the abandoned witnesses of a society in crisis where the property is superior to the relationship. Exhumed from the wasteland where they were rotting, they personify the inalterable part of the tangible, the life.
Bruno Poiré
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